COVID-19 : les thérapies non-médicamenteuses moins prescrites que les traitements opiacés
Pendant la pandémie de COVID-19, l'accès aux soins médicaux non liés au COVID-19 a été chamboulé. En cause, les inquiétudes sur la propagation du virus dans les hôpitaux et des politiques sanitaires qui ont restreint l’accès aux soins. Dans cette étude publiée en décembre 2021 sur JAMA, des chercheurs ont cherché à comprendre les tendances de traitement entre la prescription aux opiacés et thérapie non-médicamenteuse, pendant la pandémie de COVID-19.
Depuis le début de la pandémie de COVID-19, les entrées aux urgences liées à un surdosage aux opiacés n’ont cessé d’augmenter aux Etats-Unis. Les opiacés constituent une option thérapeutique relativement peu coûteuse et efficace pour les patients souffrant de douleurs chroniques. Cependant, ils présentent un risque important de dépendance et d'abus, contribuant ainsi à la crise des opiacés. Avant la pandémie de Covid, les thérapies non-médicamenteuses et manuelles s’étaient progressivement installées comme un traitement alternatif plus sûr pour gérer la douleur chronique.
Cette nouvelle étude a utilisé les données médicales de 24 millions de patients américains entre le 1er janvier 2019 et le 31 septembre 2020, toutes issues d’une base de données d’assurance commerciale nationale. Parmi les patients ayant reçu des diagnostics de douleurs des membres, des articulations, de douleurs dorsales et de douleurs cervicales, les prescriptions de traitements ont été évaluées. Le but était d’analyser le nombre global d’ordonnances aux opiacés par semaine, la force et la durée de ces traitements aux opiacés, et le taux de traitements alternatifs non-médicamenteux.
Les résultats de cette étude démontrent que la proportion de patients recevant des opioïdes a augmenté au début de la période pandémique en 2020 par rapport à 2019, a contrario, la proportion de patients souffrant de douleurs et recevant une thérapie non-médicamenteuse était plus faible au début de la période pandémique. Ces patients étaient également plus susceptibles de recevoir des prescriptions d'opioïdes plus longues et à plus fortes doses au début de la pandémie en 2020 qu'en 2019.
De plus, les patients qui n’avaient reçu aucun traitement pendant la première visite médicale étaient plus susceptibles de recevoir uniquement des opioïdes lors de la visite suivante et étaient moins susceptibles de recevoir uniquement une thérapie non-médicamenteuse.
Les thérapies non-médicamenteuses et manuelles, comme a chiropraxie, sont un traitement recommandé pour faire face aux douleurs chroniques. La diminution de la thérapie non-médicamenteuse et l'augmentation de la prescription d'opiacés pendant la pandémie de COVID-19 constatées dans cette étude, peuvent exacerber la crise des opiacées que l’on commence à redouter y compris en France.