Lombalgie chronique : une étude révèle les bienfaits des exercices de respiration et de renforcement du tronc

La lombalgie chronique, caractérisée par une douleur persistante dans le bas du dos durant plus de trois mois, constitue l’évolution de 10 % des lombalgies aiguës, selon la Haute Autorité de Santé. Pour atténuer cette douleur, des exercices sont souvent recommandés afin de renforcer les muscles profonds du tronc comme les abdominaux, les lombaires, le diaphragme ou encore le plancher pelvien. Une étude récente a montré que l’ajout d’exercices de respiration diaphragmatique pouvait améliorer encore davantage les résultats en réduisant la douleur, en renforçant les muscles stabilisateurs du dos et en favorisant un meilleur sommeil.
Respiration diaphragmatique et stabilisation du tronc : de quoi parle-t-on ?
Respiration diaphragmatique, l’autre nom de la respiration abdominale
La respiration diaphragmatique, ou respiration abdominale, sollicite le diaphragme, un muscle situé sous les poumons. Lors d’une inspiration profonde, le diaphragme s’abaisse, permettant un remplissage optimal des poumons et une expansion de l’abdomen. À l’expiration, il remonte et l’air est expulsé.
Contrairement à la respiration thoracique, la respiration diaphragmatique assure une meilleure oxygénation et mobilise les muscles profonds du tronc. Elle se distingue aussi de la respiration costale, qui implique uniquement les côtes sans engager pleinement le diaphragme.
Les exercices de stabilisation du tronc : un renforcement en profondeur
Les exercices de stabilisation du tronc, comme le gainage, visent à renforcer les muscles profonds de la sangle abdominale et du dos, notamment le transverse de l’abdomen, et les muscles du plancher pelvien. Un tronc stable est essentiel pour prévenir et soulager les douleurs lombaires, en réduisant les contraintes exercées sur la colonne vertébrale.
Une étude clinique pour mesurer les effets de la respiration diaphragmatique
L’étude a été menée auprès de 22 personnes souffrant de lombalgie chronique. Elles ont été réparties en deux groupes de manière aléatoire :
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Le groupe témoin, composé de 11 patients, a pratiqué uniquement des exercices de stabilisation du tronc.
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Le groupe expérimental, composé de 11 patients, a combiné ces exercices avec des exercices de respiration diaphragmatique.
Les participants ont suivi trois séances par semaine pendant quatre semaines, soit douze séances au total.
Pour mesurer l’efficacité des interventions, plusieurs critères ont été évalués avant et après le programme :
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L’intensité de la douleur (mesurée sur une échelle de 0 à 10).
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L’activation des muscles abdominaux, mesurée par mesure électrique du muscle..
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La mobilité thoracique, évaluée grâce à l’amplitude d’expansion de la cage thoracique lors de la respiration.
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Le degré de handicap fonctionnel, analysé via un questionnaire mesurant l’impact de la douleur sur les activités quotidiennes.
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La qualité du sommeil, étudiée grâce à un indice spécifique de mesure du sommeil.
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La peur du mouvement liée à la douleur, mesurée via un questionnaire spécifique.
Les résultats positifs de ces exercices de respiration
L’étude a révélé que les patients ayant pratiqué les exercices de respiration diaphragmatique en complément des exercices de stabilisation du tronc ont obtenu de meilleurs résultats que ceux ayant suivi uniquement les exercices de stabilisation du tronc.
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Diminution plus marquée de la douleur
La douleur a significativement diminué dans les deux groupes, mais la réduction a été plus importante chez les patients ayant intégré la respiration diaphragmatique. Leur niveau de douleur est passé de 5,6 à 1,0 sur une échelle de 0 à 10, tandis que ceux du groupe témoin sont passés de 5,6 à 2,8. -
Amélioration de l’activation musculaire
L’électromyographie a montré une activation musculaire plus importante du transverse de l’abdomen, un muscle clé dans le soutien du dos, chez les patients ayant pratiqué la respiration diaphragmatique. -
Augmentation de la capacité respiratoire
L’expansion thoracique, qui mesure la mobilité de la cage thoracique pendant la respiration, a progressé de 3,1 cm à 5,7 cm chez les patients du groupe respiration diaphragmatique, contre une amélioration de 3,3 cm à 4,7 cm pour le groupe témoin. -
Amélioration de la qualité du sommeil
L’indice de qualité du sommeil, mesuré sur une échelle de 0 à 21 où un score élevé traduit un mauvais sommeil, est passé de 9,1 à 4,6 dans le groupe respiration, contre 7,3 à 3,7 dans le groupe témoin. -
Meilleure récupération fonctionnelle
Le handicap lié à la lombalgie, mesuré avec l’indice de handicap Oswestry (0 à 100 %, un score élevé indiquant un handicap plus important), a diminué plus fortement dans le groupe respiration diaphragmatique. Leur score est passé de 29,4 % à 8,1 %, tandis que celui du groupe témoin est passé de 25,4 % à 10,6 %. -
Réduction de la peur du mouvement
La crainte d’effectuer certains gestes par peur de la douleur a été évaluée à l’aide d’un questionnaire spécifique. Le score des patients du groupe respiration diaphragmatique est passé de 14,7 à 4,3, contre 16,5 à 9,0 pour le groupe témoin, montrant que ces patients osaient davantage bouger sans appréhension.
Pourquoi solliciter le diaphragme quand on respire ?
Au-delà de sa fonction respiratoire, le diaphragme est un acteur majeur de la stabilisation du tronc. Il travaille en synergie avec les muscles abdominaux, les muscles du dos et le plancher pelvien pour assurer un bon équilibre postural.
Chiropraxie et lombalgie chronique
En 2019 et en 2020, deux études, parues dans le Bristish medical journal et dans Spine confortent l’efficacité des manipulations vertébrales sur la lombalgie chronique, en termes de diminution de la douleur et d’amélioration de la mobilité. Plus récemment encore, une étude de 2022 publiée dans Chiropractic and manual therapies, met en exergue le fait que l’approche chiropratique permet de limiter l’utilisation des anti-inflammatoires, des infiltrations et de réduire les hospitalisations. À ce titre, l’OMS a intégré dans ses recommandations de 2023 les mobilisations et manipulations vertébrales, ainsi que les programmes d’exercices structurés dispensés par les chiropracteurs, parmi les thérapies physiques recommandées pour tous les patients, y compris les seniors.