La lombalgie pourrait toucher plus de 800 millions de personnes d’ici 2050 !
On estime qu’entre 20 ans et 90 ans, la lombalgie toucherait les trois quarts de la population mondiale. Compte tenu du vieillissement des populations, de la sédentarité et de la difficulté d’une prise en charge thérapeutique rapide, le nombre de lombalgies pourrait considérablement augmenter d’ici 2050. Une étude publiée dans The Lancet fait le point.
La lombalgie, première cause d’incapacité de travail
La lombalgie représente un réel enjeu de santé publique. En France, d’après l’Assurance Maladie, 4 personnes sur 5 seront touchées par une lombalgie au cours de leur vie, et plus de la moitié de la population française a eu au moins un épisode de mal de dos dans les douze derniers mois.
Les personnes souffrant de lombalgie sont très souvent amenées à consulter, ce qui place la lombalgie aigüe de moins d’un mois à la deuxième place des motifs de consultation.
Une étude basée sur la charge mondiale de morbidité
Il s'agit de la première étude utilisée pour modéliser la prévalence future des cas de lombalgie. Pour mettre en place l’étude, les chercheurs ont analysé des études basées sur la population de 1980 à 2019 identifiées dans une revue systématique, des enquêtes internationales et des bases de données médicales américaines pour estimer la prévalence de la lombalgie de 1990 à 2020, pour 204 pays et territoires. Sur cette base, ils ont estimé la prévalence jusqu’en 2050.
Le manque de cohérence des approches de traitement du mal de dos à l’échelle internationale, comme le manque d’options thérapeutiques font craindre aux chercheurs une crise des soins de santé, les lombalgies étant la principale cause d'invalidité dans le monde.
En Australie, par exemple, le nombre de cas augmentera de près de 50 % d'ici à 2050. Le paysage des cas de lombalgie est appelé à se modifier, les plus fortes augmentations se produisant en Asie et en Afrique.
En 2017, le nombre de cas de lombalgie est passé à plus d'un demi-milliard de personnes. Et au moins un tiers de la charge d'incapacité associée au mal de dos était favorisés par des facteurs professionnels, le tabagisme et le surpoids. Parallèlement, les chercheurs affirment que la lombalgie est plus fréquente chez les personnes âgées et chez les femmes. Avec cette avancée, les chercheurs estiment que la lombalgie pourrait toucher 800 millions de personnes dans le monde d’ici 2050.
La plupart des données disponibles proviennent de pays à revenu élevé, ce qui rend parfois difficile l'interprétation de ces résultats pour les pays à revenu faible ou moyen. Le Dr De Luca, chercheur de l’étude, poursuit ses travaux dans le cadre d'une bourse New Colombo à l'université CQ avec ses collaborateurs. Les Drs Matthew Fernandez et Dawn Dane, chercheurs également, emmèneront une cohorte d'étudiants en recherche à l'Université Amrita en Inde pour collecter des données musculosquelettiques.
Investir dans la recherche pour trouver une prise en charge efficace
"Les ministères de la santé ne peuvent continuer à ignorer la forte prévalence des troubles musculosquelettiques, y compris les lombalgies. Ces affections ont des conséquences sociales et économiques importantes, surtout si l'on considère le coût des soins. Le moment est venu de s'informer sur les stratégies efficaces pour faire face à ce lourd fardeau et d'agir", a déclaré le Dr Alarcos Cieza, chef d'unité à l'Organisation mondiale de la santé (OMS), au siège de l'OMS à Genève.
Les traitements recommandés pour les lombalgies se sont révélés d'une efficacité inconnue ou inefficaces, notamment certaines interventions chirurgicales et les opiacés. Le professeur Ferreira estime que la manière dont les professionnels de la santé gèrent les cas de lombalgie manque de cohérence et que le système de soins de santé doit s'adapter. Les personnes âgées ont des antécédents médicaux plus complexes et sont plus susceptibles de se voir prescrire des médicaments puissants, notamment des opiacés pour le traitement des douleurs dorsales, que les adultes plus jeunes. Or, cette situation n'est pas idéale et peut avoir un impact négatif sur leur fonctionnement et leur qualité de vie, d'autant plus que ces analgésiques peuvent interférer avec leurs autres médicaments. Le Dr Katie de Luca, co-autrice de l'étude, a déclaré que si l'on ne prend pas les mesures qui s'imposent, la lombalgie peut devenir un précurseur de maladies chroniques telles que le diabète, les maladies cardiovasculaires et les troubles mentaux, de procédures médicales invasives et d'une incapacité importante. "La lombalgie reste la principale cause d'invalidité dans le monde. Les conséquences socio-économiques de cette affection sont considérables et l'impact physique et personnel menace directement le vieillissement en bonne santé".